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Ayant hérité d’une organisation à très grande distance hiérarchique, le Président Marcel Zadi Kessy va s’atteler à bâtir une politique managériale plus performante.
L’organisation dont avait hérité la CIE présentait effectivement des difficultés de fonctionnement : lenteur dans les prises de décision, avancement lié à la disponibilité des postes et au renouvellement de l’organigramme général, blocage catégoriel en cas de poste non disponible, communication interne superficielle et difficile. Il en résultait un cloisonnement catégoriel, une rétention régulière de l’information, une déconnexion de l’encadrement des réalités du terrain, un sentiment de frustration, de démotivation et de démobilisation du personnel.
Les travailleurs n’étaient pas utilisés au mieux et à temps plein. Une telle organisation suscitait évidemment pas un esprit d’entreprise ternie, des fraudes à grande échelle, des impayés multiples, parfois sur plusieurs années pour un même abonné, un taux de recouvrement de l’ordre de 50% en année mobile, un climat de travail malsain, une insuffisante de productivité, voire un laisser-aller, un réseau mal entretenu, ce qui a généré une moyenne de plus de 50 heures de coupure par abonné en 1990
Face à cette situation, la CIE va mettre en œuvre une organisation décentralisée s’appuyant sur une véritable politique de responsabilisation, de délégation de pouvoir et de communication qui permet de répondre aux évolutions de l’environnement.
Pour divulguer ce concept de gestion, M. Marcel Zadi Kessy a estimé nécessaire d’associer tous ses collaborateurs à une réflexion sur le contenu de la Décentralisation. Il y aura en tout 28 séminaires sur la Décentralisation auxquels ont participé 2 500 collaborateurs. Le PDG a assisté personnellement à tous ces séminaires.
Grâce aux différents débats qui s’instauraient dans les ateliers de travail, les séminaristes ont approuvé dans l’ensemble les indispensables liens entre Décentralisation et Délégation de pouvoir, Responsabilisation, Communication, Contrôle, Formation, Intéressement. Les réflexions théoriques débouchaient toujours sur des modalités pratiques de mise en œuvre à travers des propositions d’organisation plus souple, plus dynamique, plus efficace et plus fonctionnelle.
Ces séminaires sur la Décentralisation auront permis à la CIE de prendre un « raccourci » dans la compréhension et le déploiement de la politique managériale de l’entreprise. Au niveau de la Direction centrale de la distribution par exemple, on note que l’implantation de l’entreprise sur le terrain, avec ses 90 exploitations couvre remarquablement l’ensemble du territoire national et facilite l’émergence de relations de proximité avec la clientèle.
Ainsi, les tissus économiques régionaux et locaux et leurs particularités sont-ils intégrés harmonieusement dans la politique de développement du Service Public de l’électricité. Cette implantation territoriale, animée par une organisation spécifique, précise, dynamique, trouve son fondement dans les valeurs de la culture africaine. Elle offre la possibilité de créer un véritable esprit de service public qui se manifeste avec force en cas de nécessité par une grande aptitude à la mobilisation du personnel.
Les secteurs CIE, structures chargées de la gestion clientèle au quotidien observent la séparation claire des quatre fonctions commerciale, administrative, technique et gestion de stock.
Les principaux postes de la Section Commerciale sont féminisés ; les versements et les enlèvements de fonds se font au jour le jour et non plus au jour j+1 comme par le passé ; le coffre fort n’est plus collectif mais individuel à la caisse. La fonction de « caissier principal » a été supprimée pour responsabiliser chaque caissière. La caisse est passée de la Division comptable à la section commerciale ; les agents de zone sont aujourd’hui dotés de moto et de sacoches petites interventions.
Ils sont responsabilisés sur des tournées bien précises avec un enchaînement séquentiel des tâches à réaliser, des objectifs de performance des normes de productivité à atteindre. Alors qu’en 1990, ils effectuaient la majorité de leurs déplacements à pied ou regroupé dans un véhicule, sans moyens et sans prime de compensation.
La politique managériale de la CIE, moderne prend en compte l’environnement socioculturel africain. Elle est sous-tendue par une charte, véritable boussole vers l’excellence. En effet, certaines forces restrictives de la culture africaine telles que la pression communautaire, le mythe du chef, la pensée magique, de même que les traits positifs tels que l’esprit communautaire, le contrat de confiance, le sens de la communication et de l’engagement sont intégrés à la gestion moderne de la CIE. Cette gestion moderne se fait au travers d’outils de gestion adaptés tels que l’informatique, la gestion budgétaire et le contrôle pour lutter contre la fraude et minimiser ainsi son impact sur les résultats de l’entreprise.
La politique managériale de la CIE, qui se caractérise par une recherche permanente de symbiose et de synergie entre les lois universelles de management et la prise en compte de notre environnement socioculturel est le fruit de la réflexion de M. Marcel Zadi Kessy, auteur de l’ouvrage « culture africaine et gestion de l’entreprise moderne » qui s’est posé la question de savoir pourquoi l’Afrique reste toujours sous perfusion des bailleurs de fonds internationaux malgré ses énormes potentialités. Pourquoi, s’est-il surtout interrogé, nos managers n’arrivent-ils pas à rendre nos entreprises africaines efficaces, performantes et compétitives ? Il est arrivé à la conclusion que la non prise en compte du phénomène culturel est une des causes de la dérive et du naufrage collectif de la plupart des entreprises africaines (pages 101 à 129).
De même, face aux exigences de plus en plus croissantes de la clientèle, la CIE s’est vue contrainte d’épouser l’air du temps, en offrant des produits et des services de meilleure qualité.
Un manager qui place l’Homme au cœur de sa politique « Je suis profondément convaincu que l’homme est au centre de toute activité et que la croissance dans une entreprise n’a de sens que si elle s’accompagne de la promotion des hommes qui y travaillent », disait Marcel Zadi Kessy dans son ouvrage « Culture africaine et gestion de l’entreprise moderne » (P.218).
Cette promotion de l’homme en milieu professionnel a été mise en évidence à travers la politique de management de la CIE.
La politique de management de CIE se résume ainsi :
le travailleur africain, à cause de la pression culturelle de son entourage familial, doit souvent faire face à des charges communautaires qui ne lui permettent pas de se consacrer pleinement à son travail. Le personnel perd ainsi en efficacité, en rendement et en productivité. Il y a donc un risque que l’entreprise ne soit pas assez compétitive du fait du manque de performance du travailleur africain d’une part, et une menace de paupérisation croissante du salarié africain d’autre part. Le travail en Afrique ne deviendrait pas une source de richesse mais d’appauvrissement, avec toutes les conséquences qui en résultent
La dynamique de l’entreprise et la promotion de l’homme passent donc par l’appropriation des concepts universels de management par les salariés africains et par la mise en œuvre d’une politique sociale qui restitue aux travailleurs africains sa dignité d’homme. C’est cette démarche de synergie entre les lois universelles de management et la prise en compte de notre environnement socioculturel qui est à la base de la politique managériale de la CIE.